Au moment où l’Insee reconnaissait que les salaires des fonctionnaires (les trois fonctions publiques confondues) étaient à la baisse entre 2011 et 2012, la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) publiait une étude sur les salaires, pour cette même période (2011), dans le secteur social et médico-social.
Une étude qui fait apparaître que les 1,7 million de salariés du secteur (salariés du public et du privé confondus) sont parmi les plus mal payés toutes activités et tous secteurs réunis. Si cette étude révèle également qu’il existe des disparités, par exemple selon le type d’activité, il ressort pour l’essentiel qu’elle traduit fidèlement les inégalités, et parfois les discriminations, qui traversent le monde du travail salarié depuis déjà un grand nombre d’années. Des inégalités, et des discriminations donc, que la crise économique et financière de 2008 ne contribue pas à alléger, bien au contraire.
Ainsi, « les hommes perçoivent des salaires en moyenne plus élevés que les femmes. Cet écart s’explique en grande partie par une répartition inégale des postes les plus qualifiés et donc les mieux rémunérés. À niveau de responsabilité et d’expérience identiques, les écarts de rémunérations entre hommes et femmes sont moindres mais persistent ». Bref, le secteur social et médico-social, comme l’industrie ou comme le commerce par exemple – et peut-être davantage même que ces secteurs – n’a pas encore mis en oeuvre les moyens nécessaires au respect de l’équité salariale entre hommes et femmes. Pour rappel, il existe une législation qui contraint, en principe, tous les employeurs au strict respect de l’égalité salariale à diplôme et expérience comparables.
Ainsi encore, l’emploi à temps partiel est plus fréquent qu’ailleurs : « dans le secteur privé (…) il concerne un peu moins d’un salarié sur deux contre 30 % dans le public et un salarié sur cinq pour l’ensemble de l’emploi en France ». Une situation qui s’explique, au moins en partie, par l’importance de la précarité de l’emploi féminin qui représente « plus de 83 % des salariés dans les établissements publics et 78,5 % dans les établissements privés ». A ce titre, les structures d’aide à domicile, et surtout leurs salariés, sont les moins bien loties : elles cumulent temps partiel et bas salaires (25% des salaires avoisinent le SMIC en équivalent temps plein). De là à faire un lien avec le fait qu’elles emploient exclusivement – ou presque – des femmes (plus de 95% des salariés)… (*)
Enfin, les emplois du secteur sont plus précaires que la moyenne nationale : si le CDI (Contrat à durée déterminée) demeure la règle, il recule sensiblement et concerne 71% des salariés du secteur privé (76,4% au niveau national) ; dans les structures du secteur public seuls 55,2% des agents sont titulaires.
Sources & références :
Baisse des salaires nets moyens en euros constants dans les trois versants de la fonction publique entre 2011 et 2012, Insee, Informations Rapides, 16 avril 2014, n° 90.
Les salaires dans le secteur social et médico-social en 2011 Une comparaison entre les secteurs privé et public, DREES, Études et résultats n° 879, avril 2014.
(*) Sur ce sujet on peut se reporter aux travaux de Margaret Maruani (sociologue, directrice de recherche au CNRS et qui dirige également la revue Travail, genre et sociétés depuis sa création en 1999), en particulier :
Margaret Maruani, Les mécomptes du chômage, Paris, Bayard, 2002, 159 p.