Par Marie Bonici
Les formes de l’échange
Ce qui circule est différent selon les cultures et les époques d’après ce que Marcel Mauss observe au travers de son étude. La plupart du temps, ce sont des biens prestigieux (pas des objets utilitaires du quotidien) qui sont très divers : bracelets (valeur esthétique, religieuse) ; des festins, des repas ; des signes de politesse ; des services, des « coups de main » ; des échanges de femmes pour le mariage d’un village à l’autre, etc.
Ces échanges se font de façons diverses aussi : avec excès, avec une générosité ostentatoire, avec une désinvolture provocatrice, avec défi jusqu’à la destruction de ces biens pour montrer qu’on y porte que peu d’intérêt matériel.
L’obligation de rendre
Le don contraint l’autre à faire de même – on est bien en présence d’un échange. Celui qui reçoit est redevable : il doit y avoir un « contre-don ». Il y a donc « obligation » de rendre car est engagé le sentiment d’honneur social, de considération du clan ou du groupe dans son ensemble. Il ne faut pas rester dans une situation où on ne restitue pas, sinon « on perd la face » comme l’écrit Mauss, l’on est alors menacé de discrédit.
La restitution peut se faire sous différentes formes, il suffit qu’elle concerne des biens reconnus comme équivalents à ceux que l’on a reçus.
L’implication des groupes
Comme cela a été dit plus haut, le don implique des groupes, il ne concerne pas seulement deux individus. Par exemple, une personne du clan A donne quelque chose à une personne du clan B, c’est alors tout le clan B qui est redevable, qui se sent impliqué dans ce système d’échange-don entre les deux clans.
Puis le don se propage comme une onde : il concerne au fur et à mesure plusieurs groupes. En effet, la personne du clan B en donnant à son tour un bien à quelqu’un du clan C va impliquer ce dernier dans le système. Marcel Mauss remarque alors qu’il y a restitution différée dans le temps…
@ Lire également :
1/ Des échanges très actuels
3/ Le don crée le temps
4/ Aujourd’hui, dans nos sociétés